Quand ils le voulaient, les gouvernements pouvaient réagir étonnamment vite, s’émerveilla Jaina.

Moins de cinq heures après la destruction des deux vaisseaux d’esclaves, la liaison avec l’émetteur-récepteur spatial le plus proche était rétablie, permettant aux informations d’atteindre de nouveau Galantos. Le conseiller Jobath était revenu, abandonnant ses affaires pressantes à l’autre bout de la planète pour clamer sa profonde et inaltérable loyauté à l’Alliance Galactique.

Jaina imaginait la réaction de son père. Bien qu’ayant la même, sa mère l’aurait dissimulée derrière une façade plus courtoise. Ses parents fonctionnaient en duo, séduisant les gouvernements locaux sans avoir à utiliser la force brute…

Jaina n’avait pas été témoin de la scène. Après avoir atterri sur le Fierté de Sélonia et un bref passage à l’infirmerie, elle s’était retirée dans le dortoir de la frégate et avait dormi cinq heures d’affilée. Les couchettes étaient petites et peu confortables, mais c’était mieux qu’essayer de dormir dans son aile X !

Elle avait rêvé de la dernière mission d’Anakin, dans le vaisseau-monde de la reine voxyn, et de la fureur froide qu’elle avait éprouvée face à sa mort. Une réaction qui l’avait, un temps, rapprochée du Côté Obscur.

Pendant que son corps se reposait, son esprit avait revécu ses angoisses au sujet de Jacen, prisonnier des Vong.

Elle se réveilla en sursaut, se demandant ce que le rêve signifiait. Quelqu’un lui secouait l’épaule.

— Du calme, Jaina, ce n’est que moi.

— Jag ?

La jeune femme s’assit, bâilla et se frotta les yeux.

— Attention ! Les gens vont jaser !

— Peu importe. De plus, tu sais où tu es, non ?

La jeune femme s’avisa qu’elle n’était pas dans ses quartiers de Mon Calamari, mais dans une couchette de dortoir, séparée de cinquante autres par un simple rideau.

— Pourquoi m’as-tu réveillée ? demanda Jaina après avoir retrouvé ses esprits. Quelque chose est arrivé ?

— Non… Tu as demandé à dormir la durée standard allouée en campagne, et j’ai décidé de faire le sale boulot quand ce serait le moment de te réveiller. (Il sourit.) Je ne vois pas pourquoi l’officier de quart serait le seul à s’amuser !

— Que veux-tu vraiment, Jag ? Si tu désires prendre ta revanche au combat, il faudra attendre une minute ou deux, histoire que je sois complètement réveillée !

Il éclata de rire.

— En réalité, je suis venu t’apporter des nouvelles de Jacen.

— Jacen ?

Jaina se tendit. Etait-ce pour ça que ces souvenirs lui étaient revenus ?

— Dis-moi ! ordonna-t-elle.

Jag lui raconta tout. Jaina apprit que le conseiller Jobath avait retourné sa veste, les communications étant rétablies. Elle fut soulagée que la crise de Galantos ait été résolue si aisément, et plus encore d’apprendre les nouvelles venues de Mon Calamari. L’invasion de l’Empire par les Vong avait été repoussée. Après la destruction de Bastion, les forces impériales forçaient les Vong à mener un combat d’arrière-garde pendant qu’ils fuyaient Borosk. La mission de Mara et de Luke avait été décisive. On disait qu’ils avaient sauvé la vie de Pellaeon.

Et Jacen allait bien.

Si elle avait pris un moment pour sonder la Force, Jaina l’aurait su. Peu importait la distance qui les séparait – à cet instant, la moitié de la galaxie –, elle aurait senti sa satisfaction.

Elle poussa Jag de la couchette, et il se détourna pendant qu’elle remettait sa combinaison de vol sur ses sous-vêtements.

— Tu peux te retourner.

— Où veux-tu aller ? Tu es toujours de repos. Tes parents dorment, et ton chasseur est en réparation.

— Alors, pourquoi m’avoir réveillée ? Les nouvelles n’auraient-elles pas pu attendre ?

— Euh, j’avais pensé que…

Il se tut, embarrassé.

— Tu voulais peut-être vraiment ta revanche ! (Jaina prit Jag par le bras et le conduisit hors du dortoir.) Marchons un peu, d’accord ? Même si nous allons seulement au mess. J’ai l’impression que je serai bientôt affamée !

Jaina avait raison : son estomac gargouilla dès qu’ils entrèrent dans le couloir principal. Elle eut soudain une envie dévorante de la décoction althaprotéinée que Lando Calrissian lui avait appris à aimer quand elle était plus jeune. Hélas, le droïd cuisinier du Fierté de Sélonia avait un répertoire limité. Elle dut se contenter d’un potage nourrissant mais insipide et d’un verre d’eau.

Jag finit de lui raconter les nouvelles pendant qu’elle mangeait. Elle apprit leur prochaine destination, Bakura, et l’origine mystérieuse de l’information qui avait influencé cette décision.

Cela l’inquiéta. Leurs bons souvenirs sur le Ryn Droma et sa famille ne signifiaient pas que l’espèce était fiable. Sachant que le mystérieux étranger n’était pas Droma – Tahiri l’assurait –, il restait toujours un grand point d’interrogation au sujet de ses motivations.

Mais si l’information était vraie, intervenir vite pouvait sauver des vies. Et si c’était un piège, ils ne s’y jetteraient au moins pas tête baissée. Elle ne voyait pas les Bakuriens s’allier aux Yuuzhan Vong ou à la Brigade de la Paix, considérant tout ce qu’ils devaient à la Nouvelle République et aux Jedi.

— Et Syrtik ? Que lui est-il arrivé ?

Les yeux verts de Jag étincelèrent d’amusement.

— Il aura une médaille. Incroyable, non ? Syrtik est un héros national, le peuple l’adore, mais il avait quand même désobéi aux ordres. Jobath a été obligé de ravaler son orgueil pour sauver la face, mais il n’aime pas ça ! Bref, tout est bien qui finit bien.

— Pas pour les Yevethas…

— Je sais. Désolé. J’ai lu ton rapport. Bref, mais clair.

Même si les choses s’étaient arrangées pour l’Alliance, la guerre avait entraîné tant de pertes…

— Je suis désolée pour Miza, dit-elle.

Elle regrettait son opinion mitigée sur le pilote, alors qu’elle ne savait rien de lui, sinon qu’il volait bien et qu’il était parfois irritant. Elle ignorait même si Jag et lui avaient été amis.

— Ce n’était pas ta faute, Jaina…

— Tomber dans une embuscade en essayant d’aider quelqu’un… Une façon de mourir si injuste…

— Je doute qu’il existe de bonnes façons de mourir, Jaina.

— Nous regretterons Miza, n’est-ce pas ?

— Oui. Pour ses qualités autant que pour ses défauts.

— Et l’escadron compte un membre de moins.

— Après une mission… Ça n’est pas un très bon début.

— Je suis sûre que tout ira bien, Jag… Je sais que c’est une manière bizarre de diriger un escadron, mais quand nous aurons arrondi les angles…

— Ce n’est pas ce qui m’inquiète, Jaina. Nous travaillons bien ensemble… Mais si ta mère a raison, si les Vong rouvrent de vieilles blessures pour les exploiter à leur avantage…

— Oui, Jag ?

Quelque chose tracassait le jeune homme. Jaina n’avait pas besoin de la Force pour s’en apercevoir.

— Ce n’est peut-être rien, mais les Chiss et la Nouvelle République n’ont pas toujours été en bons termes. Après Thrawn…

— Thrawn était un Impérial. Nous connaissons la différence.

— Pour nous, Jaina, c’était un Chiss. La Flotte de Défense travaillait depuis des dizaines d’années à protéger nos frontières. En se servant de l’Empire comme d’un outil, Thrawn avait fait plus de progrès que tous les autres Chiss réunis. Quand la Nouvelle République l’a vaincu, beaucoup d’entre nous ont été affectés. C’est en partie pour ça que nous prenons plutôt le parti de l’Empire. Il y a toujours du ressentiment…

— Tu crois que les Chiss pourraient se joindre aux Yuuzhan Vong ?

— Non, pas vraiment… Mais les bons mots, dans les oreilles adéquates, pourraient avoir des répercussions sur l’Alliance Galactique.

— Super ! Et c’est le prochain arrêt de mon oncle Luke, après l’Empire.

— Désolé… Mais je me fais probablement des idées. Je ne voulais pas t’inquiéter.

— Pourtant, il y a bien quelque chose qui devrait m’inquiéter ?

Jag la regarda, puis sortit un objet de sa poche et le posa devant eux.

Jaina frissonna. La dernière fois qu’elle avait vu une statuette de ce type, c’était sur le vaisseau-monde, avant la mort d’Anakin. Les temples contenaient tous des effigies des dieux vong insatiables et cruels. Et l’un d’eux hantait ses cauchemars.

Même si cette représentation-là mesurait à peine quelques centimètres, le visage était reconnaissable : celui de Yun-Yammka, le Tueur.

— Où as-tu trouvé ça ? demanda-t-elle, incapable de contenir son dégoût et sa colère.

— Tahiri a lâché ce truc quand elle s’est écroulée, sur Galantos.

Jaina en resta un long moment sans voix.

 

Le coufee se plaqua si rapidement sur sa gorge que Shoon-mi n’eut pas le temps de réagir.

— Qui nous a trahis ? siffla une voix dans son oreille. Qui a envoyé les guerriers tuer I’pan et Niiriit ?

Shoon-mi se débattit sans pouvoir se dégager.

Il arrêta quand du sang coula sur sa poitrine.

— Kunra ! haleta-t-il.

Le Honteux ne parut pas troublé par cet appel à l’aide. Il croisa les bras et regarda froidement la scène.

— Qui nous a trahis ? répéta l’agresseur de Shoon-mi.

— Ce n’était pas moi ! Je vous le jure !

Le coufee quitta la gorge de Shoon-mi et un coup de genou dans le dos le força à s’étaler sur le sol.

Le Honteux appuya les mains sur son cou blessé.

— Tu n’en mourras pas, dit son agresseur. Et tu me diras tout ce que tu sais.

Il sortit des ténèbres et se planta devant Shoon-mi.

— Amorm ?

Nom Anor hocha la tête et essuya la lame de son coufee entre ses doigts.

— Oui. Mais nous n’avons pas le temps de bavarder… Tu as dix secondes pour me dire ce que je veux savoir. Sinon, cette lame te saignera à mort.

— Ce n’était pas moi, je le jure ! Ni aucun de nous ! Les guerriers ne cherchaient pas Niiriit et les autres. Ils traquaient des voleurs ! Des fournitures avaient disparu, et ils pensaient qu’une communauté souterraine était responsable. La vôtre était la troisième qu’ils ont attaquée cette nuit-là. Ils ont tué tout le monde. Pas seulement Niiriit. Nous n’étions pas informés, sinon nous vous aurions prévenus. C’est arrivé trop vite. Je vous dis la vérité. Je vous en prie…

— Nous faisons trop de bruit, grogna Kunra.

Nom Anor l’ignora.

— Seulement des voleurs ? Rien à voir avec l’hérésie ? Ou avec moi ?

— Non. Des voleurs, c’est tout. Je ne vous mentirai pas, Amorm !

Le coufee disparut sous les robes de l’ancien exécuteur.

— Ne m’appelle plus jamais comme ça. Ce nom appartient à un autre.

Soulagé, Shoon-mi s’appuya contre un mur pendant que Nom Anor s’éloignait pour réfléchir.

Pas l’hérésie. Pas moi.

Pendant leur longue ascension, Nom Anor s’était persuadé que l’attaque avait pour objectif d’éradiquer les idées que I’pan répandait. Kunra avait arrangé la rencontre avec Shoon-mi pour découvrir qui les avait trahis. Quand ils le sauraient, Nom Anor tuerait le coupable sans hésiter.

S’ils n’avaient pas été trahis, ça changeait tout. Il pouvait cesser d’imaginer que des régiments de guerriers l’attendaient à chaque tournant. Et il avait le temps de décider de ce qu’il ferait.

Il faillit éclater d’un rire amer. Les guerriers ne le cherchaient peut-être pas, mais il restait responsable de la mort des autres. I’pan et lui volaient régulièrement des provisions dans les niveaux supérieurs en utilisant les codes d’accès qu’il connaissait. Les vols n’étant pas passés inaperçus, les guerriers avaient pour mission d’éliminer tous ceux qui pouvaient en être responsables. Nom Anor avait tué ceux à qui il devait la vie, aussi sûrement que les guerriers qui maniaient les bâtons amphi.

Il regarda Kunra et se demanda s’il n’était pas arrivé aux mêmes conclusions – sans le montrer.

Nom Anor tendit la main à Shoon-mi, qui la contempla un moment avant de la prendre et de se laisser tirer sur ses pieds. Résistant à l’envie de poignarder Shoon-mi – puis Kunra –, Nom Anor fit mine d’être soulagé.

— Alors, nous sommes en sécurité. Si ce que tu dis est vrai, les guerriers ne nous pourchasseront pas. Et si les vols cessent, nous vivrons en paix. Exact ?

— La voie des Jeedai est sûre. Personne ne nous a trahis – et personne ne le fera ! Vous avez vu comment nous diffusons le message. Vous savez combien nous sommes prudents en choisissant ceux qui l’entendent.

Le message.

Nom Anor fit les cent pas dans la salle, conscient que Kunra ne le quittait pas des yeux. Il avait déjà entendu des Honteux appeler ainsi leur hérésie, et il trouvait l’euphémisme adéquat. Peu importait le mot qu’on dissimulait ainsi : Jedi, insurrection, espoir – sa nature était la même. Le message était un soufflet pour Shimrra, et c’était tout ce qui comptait.

Mais il devenait de plus en plus clair que ce « message » n’arriverait jamais à Shimrra. Même si les guerriers qui avaient attaqué les communautés souterraines de Yuuzhan’tar le connaissaient, ils s’en fichaient. Pour que l’hérésie – comme Nom Anor lui-même – atteigne Shimrra, il faudrait quitter les souterrains.

Bientôt !

— Nous sommes peut-être trop prudents, dit-il pour tester la réaction de ses compagnons. Nous cachons la lumière sous le manteau de la peur et de la timidité, et personne ne la voit. Si nous continuons de prêcher les seuls convertis, les millions de frères qui méritent de savoir qu’il existe une meilleure façon de vivre resteront à jamais dans les ténèbres. Mes amis, le moment est venu de montrer à tous notre lumière.

— Mais si nous parlons ouvertement des Jeedai, dit Shoon-mi, nous nous ferons tuer !

— Tu as raison, concéda Nom Anor. Nous devons trouver de nouvelles façons de diffuser le message. Pour le moment, limitons-nous aux Honteux, avant de le porter plus haut. Aujourd’hui, nous sommes faibles et mal organisés. Quand nous serons forts, nous nous libérerons. (Il se campa devant Shoon-mi et lui posa ses mains sur les épaules. Le Honteux continua de trembler.) Pour tout gagner, mon ami, il faudra tout risquer. Es-tu avec moi ?

Le Honteux hocha la tête, mal à l’aise.

— Je ferai ce que je peux… Hélas, j’ignore comment me battre, mais je connais beaucoup de gens.

— Parfait… Le bouche à oreille est pour l’instant notre plus grande arme. (Il se tourna vers Kunra.) Et toi ? Tu es avec nous ?

C’était le moment décisif. Nom Anor le savait. Si Kunra s’opposait à lui, il devrait les tuer tous les deux, puis infiltrer une autre cellule d’hérétiques pour les convertir à sa cause. Et il n’en trouverait peut-être jamais une qui fût aussi bien préparée à le servir.

L’ancien guerrier hésita.

— Décide-toi, dit Nom Anor, une main sur la poignée de son coufee.

— Je suis avec vous. Pour Niiriit, I’pan, et tous ceux qui sont morts, je suis avec vous.

Mais pas pour moi, pensa Nom Anor.

Peu importait. La réponse de l’ancien guerrier suffirait, pour le moment. La mission qui l’attendait serait difficile, et il aurait besoin de toute l’aide possible. Sous sa forme actuelle, l’hérésie n’irait jamais plus loin que les Honteux. Il devrait lui donner de l’élan, s’il voulait qu’elle serve ses propres fins. Il faudrait modifier l’histoire qui circulait, pour qu’elle convienne mieux à ses besoins, et la répandre avec assez d’efficacité pour étouffer les autres versions.

C’était une stratégie risquée, Nom Anor en avait conscience, mais la seule dont il disposait. Il avait déjà été confronté à la ferveur religieuse, sur Rhommamool, et il savait comment transformer des idées en actes. Mais oserait-il le faire au sein de sa propre espèce ? C’était vraiment de l’hérésie. Les Jedi, malgré le bien qu’ils pouvaient faire aux Honteux, restaient des utilisateurs de machines. Sa conscience, aussi atrophiée par des années de traîtrise fût-elle, le tourmentait quand même.

Pas pour longtemps. Il avait essayé, sans succès, de gravir l’échelle sociale imposée par Shimrra. S’il devait réussir, il lui faudrait trouver un autre moyen !

— Amorrn…, dit Shoon-mi.

— Je t’ai dit de ne pas m’appeler par ce nom !

Oui, le temps d’en choisir un nouveau était venu.

Shoon-mi recula d’un pas.

— Alors… Comment devons-nous vous appeler ?

Quel nom choisir ? se demanda Nom Anor.

Un terme qui symboliserait le travail qu’il devait accomplir pour assurer sa survie, et que Shimrra reconnaîtrait facilement.

Un mot d’un ancien dialecte, rarement parlé, excepté dans les plus vieux vaisseaux-mondes, avait un sens pour toutes les castes, quel que soit le dieu qu’elles adoraient. Il serait dans le flanc de Shimrra une épine que les Honteux reconnaîtraient comme telle.

— A partir de maintenant, dit-il à ses deux premiers disciples, vous m’appellerez Yu’Shaa.

Il y eut un moment de silence.

Shoon-mi avança d’un pas, l’air consterné.

— Yu’Shaa ? Le prophète ?

Nom Anor sourit.

— Oui. Le Prophète.

 

Quand le Grand Amiral Pellaeon organisa une courte réunion sur la passerelle du destroyer Droit de Gouverner, vingt-quatre heures après la bataille de Borosk, tous les Moffs survivants y assistèrent, comme les amiraux et les officiers qui n’étaient pas occupés à harceler les Yuuzhan Vong.

Jacen était d’accord avec Pellaeon : si peu de temps après la défaite de Shimrra, il n’était pas risqué de rassembler ainsi tant de chefs des Vestiges de l’Empire. Car il n’y aurait pas de contre-attaque sérieuse de l’ennemi avant que Vorrik ait reçu de nouveaux ordres de Shimrra. L’assaut des Vong contre Yaga Minor avait été une simple escarmouche…

Pellaeon avait fait circuler une rumeur prétendant que les Moffs qui n’assisteraient pas à la réunion n’auraient pas le droit de bénéficier de l’appui de la flotte. Personne n’était obligé de venir, mais ceux qui ne le feraient pas en supporteraient les conséquences.

Jacen ne doutait pas qu’il y aurait des représailles vong. B’shith Vorrik avait été humilié devant son armée et celle de l’ennemi. Le commandant reviendrait, c’était certain. Restait à savoir quand, et avec quelles forces.

Jacen était présent à la réunion, comme Luke, Mara, Saba et Tekli. Mais aucun d’eux ne participait au débat. Une autre provocation calculée de Pellaeon. Luke avait exprimé des réserves à se montrer devant tant de Moffs, mais, à travers la Force, Jacen sentait qu’il était secrètement ravi.

Quand tout le monde fut réuni, Pellaeon se leva.

— La raison de cette convocation est simple, dit-il sans perdre de temps. Je voulais partager une découverte avec vous, et vous dire ce que j’ai l’intention de faire à son sujet.

Pellaeon marcha autour de la table, les mains dans le dos. Une astuce simple destinée à obliger les gens assis à tendre le cou pour le voir, ou à regarder bêtement devant eux pendant qu’il parlait. Le Grand Amiral, se dit Jacen, avait besoin de tous les avantages possibles.

Gilad Pellaeon avait mis son uniforme de cérémonie. Il lui était pourtant impossible de cacher son âge et son mauvais état de santé. Car il boiterait jusqu’à la fin de ses jours…

— Au cours des dernières quarante-huit heures, la Flotte Impériale a repoussé la plus terrible menace qu’elle ait jamais affrontée. Vous avez vu et étudié les rapports, donc vous comprenez le sens de ce qui est arrivé à Bastion, et l’importance de la décision que nous devons prendre. Jusqu’à ce que nous reconstruisions Bastion, l’Empire sera privé de capitale. Le Conseil des Moffs a perdu plusieurs membres importants, et avec eux, sa cohésion. Beaucoup de nos citoyens ont été réduits en esclavage par les Yuuzhan Vong, et nos frontières ne sont plus en sécurité.

« Mais la menace n’est pas seulement les Yuuzhan Vong ! C’est quelque chose de plus insidieux. Nous ignorions que nous l’affrontions – jusqu’à la dernière minute, quand il fut presque trop tard. Cette menace peut être résumée par une notion qui me fait plus peur que le concept à l’extinction. C’est l'inexistence.

Jacen vit la grimace du Moff Flennic. Il pensa un instant que son vieil « ami » interviendrait, mais l’impérial resta silencieux.

Son tour de table terminé, Pellaeon s’immobilisa.

— Quand nous avons entendu parler des Yuuzhan Vong, nous les avons regardés envahir la galaxie, et nous avons supposé qu’ils ne nous attaquaient pas parce qu’ils se méfiaient de nous. Nous étions trop forts et trop déterminés pour qu’ils osent nous défier ! Mais quand nous avons envoyé des renforts à nos anciens ennemis, pour la bataille d’Ithor, nous avons compris à quel point l’agresseur était puissant. Craignant de ne pas pouvoir nous défendre, nous avons battu en retraite et attendu une attaque qui n’est pas venue vite.

« Elle n’est pas venue vite parce que nous n’avions aucune importance aux yeux des Vong. Après tout, nous avions notre intention de ne pas nous mêler des affaires des autres. Pourquoi nous auraient-ils attaqués ? Nous ne leur faisions pas de mal. En fait, nous leur facilitions le travail. Nous sommes ainsi devenus inexistants. Et c’est de ça que j’ai honte.

Jacen croisa le regard de Pellaeon et frissonna. L’amiral parlait de la guerre, mais on pouvait tenir ce discours sur tous les aspects de l’existence. Le plus grand crime était de se retirer de la vie. Son père avait réagi ainsi après la mort de Chewbacca, et Jacen s’était éloigné de la bataille pour trouver une réponse à ses doutes. Il en allait de même, à une plus grande échelle, pour les Vestiges de l’Empire.

Vivre, c’était s’impliquer. Faire partie de la Force obligeait à participer à l’évolution de la galaxie. Se contenter d’observer ne suffisait pas. La seule question réellement importante était comment devenir une partie de ce processus.

La réponse, hélas, échappait toujours au jeune homme.

— Maintenant, nous avons été attaqués, dit Pellaeon. Cela veut-il dire que nous existons ? Non. Ça signifie seulement que le seigneur Shimrra a voulu éliminer une menace potentielle sur ses arrières. Potentielle, je le souligne. La force qu’il a envoyée n’était pas suffisante pour nous écraser. Rien à voir avec les ressources investies pour s’emparer de Coruscant. De plus, B’shith Vorrik n’est ni Tsavong Lah ni Nas Choka. Si nous avions eu de l’importance, nous aurions été écrasés il y a des années.

« Mais nous avons refusé de nous laisser détruire. Nous avons insulté l’ennemi pendant qu’il battait en retraite, puis libéré des prisonniers. Les Vong savent désormais que nous ne sommes pas des proies faciles, et que nous ne nous laisserons pas faire.

« Si Shimrra ne tenait pas l’Empire pour une menace, il a changé d’avis. Mais il faut qu’il continue, et ça dépend de nous !

— Pourquoi ? demanda le Moff Flennic.

— N’est-ce pas évident, Kurlen ? fit Ephin Sarreti, un bras en écharpe après son évacuation en catastrophe de Bastion. Si nous restons ici en espérant défendre nos territoires jusqu’à la fin des temps, nous serons morts dans quelques mois.

— Et nous donnerons à Vorrik le temps d’obtenir une autre force, dit Pellaeon, ce qui serait un suicide. Nous sommes une menace tant que nous existons.

— J’ai peur de la solution que vous allez proposer, dit Flennic.

— C’est la seule que je voie. Nous devons porter la guerre chez les Yuuzhan Vong.

— Vous nous demanderiez d’abandonner nos planètes ? s’insurgea le Moff Flennic. Sans défense ?

— Pas entièrement, dit Pellaeon. Chaque planète garderait une flotte minimale, suffisante pour repousser le genre d’attaque que Yaga Minor a subi.

— Mais pas suffisante contre une véritable invasion, dit une femme, au bout de la table.

Jacen la reconnut : le Moff Crowal de Valc 7, un système situé à la frontière des Régions Inconnues.

— Si les Yuuzhan Vong sont occupés ailleurs, il n’y aura pas d’invasion, rappela Sarreti.

— Pouvons-nous en être sûrs ? demanda Flennic. (Il se tourna vers Pellaeon.) Grand Amiral, vous jouez avec nos vies !

— N’est-ce pas le fardeau des chefs en temps de guerre ? Je vous offre une chance de victoire alors que la destruction nous menace. Car si nous ne faisons rien, nous serons détruits !

— Si nous ne pouvons pas vaincre les Yuuzhan Vong ici, dit Crowal, comment les battre sur leur propre terrain ?

— Bonne question, admit Pellaeon. Elle occupe mon esprit depuis des jours.

— Alors, dit Flennic, donnez-nous la réponse !

— Il y en a une seule réponse. Pour survivre, l’Empire doit oublier son passé et se situer dans le contexte de la galaxie et de son histoire. Nous ne sommes pas seuls, même si nous aimerions faire semblant de l’être. Et nous ne pouvons pas éviter ce qui se passe ailleurs, comme les Yuuzhan Vong nous l’ont si obligeamment rappelé. Hélas, nous sommes restés trop longtemps repliés sur nous-mêmes, ignorant ce qui se passait dans le reste de la galaxie.

« Je ne m’exclus pas de cette critique. Parfois, j’aurais dû lutter plus âprement pour imposer mes idées. J’ai honte de ne pas l’avoir fait, parce que cela a failli signer notre perte. Mais je ne répéterai pas la même erreur.

— Vous ne répéterez pas ? railla Flennic. Grand Amiral, nous arrivons à un point crucial. Si vous nous avez rassemblés pour nous dicter vos conditions, continuez, afin que nous puissions voter votre destitution !

Pellaeon sourit. A la façon dont les Moffs se regardèrent, Jacen comprit que le Grand Amiral en avait fini avec les bonnes manières. Le moment était venu de délivrer son message.

Mara le sentit aussi, car il l’entendit inspirer à fond.

— J’avise le Conseil des Moffs que nous devons passer un accord avec l’Alliance Galactique pour chasser les Yuuzhan Vong de cette galaxie. (Il dut élever la voix pour se faire entendre.) De plus, je précise que ce pacte continuera d’être effectif quand la menace aura été éliminée. Notre seule façon de survivre, à l’avenir, sera de nous détourner du passé. Même si vous n’appréciez pas ce que je dis, il est temps de faire la paix.

Flennic se leva d’un bond.

— Nous joindre à l’Alliance Galactique ? Etes-vous devenu fou ?

— Je n’ai pas besoin de votre accord, Kurlen… Quand je dis « j’avise le Conseil », c’est du formalisme dénué de sens. C’est ainsi que les choses se passeront, parce que c’est ainsi qu’elles doivent se passer. Je vous aurai simplement épargné la nécessité d’arriver à cette conclusion par vous-mêmes.

— Trahison ! cria un autre Moff.

— C’est surtout du bon sens, dit Sarreti.

Le Grand Amiral lui fit un signe de tête pour le remercier de son soutien.

— Ma loyauté envers l’Empire est aussi forte que jamais, dit-il. Je ferai ce qu’il faudra pour assurer sa survie.

— En nous forçant à nous soumettre à eux ? cracha un Moff en désignant les Jedi. Nous avons passé notre vie à combattre cette racaille, et maintenant vous voulez que…

— Attention à vos paroles, Moff Freybom, lança Pellaeon. Cette « racaille », comme vous dites, m’a sauvé la vie à Bastion – et l’Empire avec elle !

— Sans les Jedi, l’Empire n’aurait pas été affaibli au point de tomber entre les griffes des Yuuzhan Vong ! Nous les aurions renvoyés d’où ils venaient !

— Vous croyez, Kurlen ? Nous n’avons pas pu résister à une poignée de Rebelles. Comment aurions-nous repoussé les Yuuzhan Vong ? Votre raisonnement est le genre de délire qui nous a mené au bord du gouffre. L’Empire chavire à cause de ses faiblesses internes, pas à cause de forces extérieures.

— L’Empire ne se soumettra jamais à l’Alliance Galactique ! cria Flennic. Et je ne puis croire que vous l’envisagiez !

— Que vous aimiez ça ou pas, l’Alliance gouverne désormais la galaxie – avec moins d’effusions de sang et de guerres que du temps de l’Empire. Pour le moment, elle seule se dresse entre nous et la mort, et il est temps de le reconnaître.

— Je refuse d’accepter la défaite, dit Flennic. L’Empire est fort. Nous l’avons prouvé – vous l’avez prouvé – en repoussant cette invasion. Le jour où nous devrions célébrer notre victoire, pourquoi envisager la fin de l’Empire ?

— Primo, dit Pellaeon, rejoindre l’Alliance Galactique ne signe pas l’arrêt de mort de l’Empire. C’est évident ! On ne nous demande pas de renoncer à notre souveraineté, et nous ne le ferons pas. Secundo, comme je l’ai dit, l’Empire existe encore parce que les Yuuzhan Vong ne nous ont pas attaqués plus tôt. Et parce que l’Alliance Galactique est arrivée au bon moment pour nous enseigner à les combattre efficacement. Tertio, si nous ne répliquons pas tout de suite, les Yuuzhan Vong reviendront et nous vaincront. Si nous ne nous joignons pas à nos voisins, l’Empire cessera d’exister. Si vous ne pouvez pas accepter cet argument, Kurlen, vous n’êtes plus d’aucune utilité à ce Conseil.

— Vous me menacez ?

— Oui ! Le Conseil votera ma proposition à l’unanimité. Sinon, j’emmènerai la flotte entière avec moi en partant.

Cette déclaration fut accueillie par des cris de surprise et de consternation. Certains Moffs avaient pensé pouvoir convaincre Pellaeon de changer d’avis. Aucun n’avait cru qu’il déciderait de s’allier aux vieux ennemis de l’Empire.

Jacen sentit l’animosité de Moff Flennic augmenter encore. En même temps, le gros homme sortit un blaster de sous ses robes et visa Pellaeon.

L’attention de tous se riva sur l’arme.

— C’est une trahison de la pire espèce, dit Flennic.

Jacen s’apprêtait à utiliser la Force pour arracher son blaster à Flennic, mais il sentit Luke lui effleurer le bras.

Pellaeon affronta le blaster aussi calmement que les critiques de Flennic. Des commandos postés devant les portes se précipitèrent, prêts à tirer sur le Moff. Pellaeon les renvoya d’un geste.

— Quelle est la force de votre conviction, Kurlen ? demanda-t-il. Etes-vous prêt à mourir en son nom ?

— Vous ne pouvez pas nous intimider, Grand Amiral, dit Flennic, très calme. (Mais Jacen remarqua que son blaster tremblait légèrement.) Nous sommes le conseil des Moffs. Nous vous avons nommé, et nous pouvons toujours mettre un autre officier à votre place. Quelqu’un qui ne nous proposera pas un chemin aussi tortueux !

— Un seigneur de la guerre obsédé par notre gloire passée ? Il n’en reste pas beaucoup, Kurlen. La plupart ont péri en poursuivant absurdement leur gloire passée. La galaxie ne nous appartient pas de droit. Nous l’avons perdue. Plus tôt nous l’accepterons, mieux ça vaudra. Si notre nouveau rôle est d’appartenir à l’Alliance Galactique, qu’il en soit ainsi. C’est préférable à l’extinction. Pour ma part, j’en ai assez de mener une guerre impossible à gagner – et contre le mauvais ennemi !

Pour la première fois, Jacen sentit de la passion derrière la réserve de l’amiral. Flennic s’en aperçut aussi.

— C’est de la folie, dit-il, se tournant vers les autres membres du Conseil. Allez-vous le laisser détruire tout ce que nous avions réussi à sauver ?

— Ça vaut mieux que d’être morts, Kurlen, lâcha Sarreti.

— Ou réduits en esclavage, ajouta Crowal.

Flennic sursauta.

— Vous aussi, Crowal ? Vous croyez à ces sornettes ?

— Ce ne sont pas des sornettes, Kurlen… J’étais contre cette alliance quand l’ennemi n’était pas à notre porte. Mais c’était une erreur !

— Non !

Flennic regarda les Moffs et en arriva bientôt à l’inévitable conclusion.

— Non…

Il hésita, baissa son blaster et parut sur le point de céder. Puis sa colère se raviva et ses doigts se refermèrent sur la détente de son arme.

— Non ! cria-t-il. Je ne me soumettrai pas !

Il leva l’arme.

Il va le faire, comprit Jacen. Il va tirer sur Pellaeon !

Ignorant la pression de la main de Luke sur son bras, il invoqua la Force mais ne fut pas assez rapide. Le blaster tira. Au même instant, Jacen sentit dans la Force la volonté de quelqu’un d’autre et il vit l’arme sauter de la main de Flennic et tomber sur le sol. Le rayon passa au-dessus de l’épaule de Pellaeon. Le Grand Amiral n’avait pas bougé.

Deux commandos arrêtèrent aussitôt Flennic. Il se débattit et regarda les Jedi.

— Vous nous avez corrompus ! cria-t-il.

Mara avança d’un pas.

— Nous utilisons nos pouvoirs pour sauver des vies, pas pour les détruire. Au contraire de vous, Moff Flennic !

Son ton ne laissait aucun doute sur l’identité de la personne qui avait sauvé Pellaeon.

— Vous n’êtes pas le seul à avoir servi sous les ordres de Pellaeon, dit Mara. J’ai changé, et le Grand Amiral aussi. Et vous également, j’imagine, parce que l’Empereur n’aurait pas toléré une telle stupidité chez un de ses serviteurs. Qu’espériez-vous ? Que Yaga Minor deviendrait la capitale des Vestiges, maintenant que Bastion est tombée ? Que vous seriez à la tête du Conseil ? Ne soyez pas idiot, Flennic !

Flennic jeta un regard mauvais à Mara, mais Jacen sentit qu’il se détendait. Les paroles de Mara faisaient leur effet.

— Si vous vous rangez à l’avis du Conseil, dit Pellaeon, je vous assure que je n’entreprendrai aucune action contre vous.

Flennic ravala sa colère et sa fierté blessée.

— Très bien, dit-il. Je soutiens votre proposition de rejoindre l’Alliance Galactique. Mais je conserve mes opinions.

— Vous en avez le droit, dit Pellaeon. (Il avança d’un pas et fixa le Moff corpulent d’un regard d’acier.) Mais écoutez-moi bien, Kurlen : vous avez braqué une arme sur moi. En temps normal, cet acte aurait été puni de mort. Mais les circonstances sont exceptionnelles, et je passerai l’éponge. Mais si vous refaites une erreur, j’aurai votre tête. C’est clair ?

Le Moff Flennic déglutit péniblement. Il fit un signe de tête, incapable de parler.

Sur un geste du Grand Amiral, les commandos le lâchèrent. Puis Pellaeon retourna à sa place sans rien ajouter.

Mara traversa la pièce, ramassa le blaster, et alla le rendre au Moff Flennic.

Il la regarda, stupéfait.

— Flennic, je préfère que mes alliés soient armés, lâcha-t-elle.

Puis elle se tourna vers Pellaeon.

— Si ça ne vous gêne pas, amiral, nous devrions partir, maintenant. Il vous reste des points à débattre, et ce sera peut-être plus facile sans nous.

— Merci, dit le Grand Amiral. (Il regarda les autres Jedi.) Pour tout, ajouta-t-il.

Les Jedi quittèrent la salle. Jacen jeta un coup d’œil derrière lui avant que la porte se referme. La séance avait repris, et ça braillait déjà.

Le jeune homme rejoignit les autres. Mara l’arrêta.

— Tu as l’air soucieux.

— En dépit de tout, j’ai du mal à croire que ces gens nous tiendrons un jour pour leurs alliés. Malgré tout ce que nous avons fait pour eux, ils ne nous font pas confiance !

— Certains, oui. Nous avons progressé aujourd’hui…

— Je sais, et nous aurons probablement une sorte d’alliance, bientôt… Mais… Cela suffira-t-il ?

— Peut-être… Et peut-être pas. Mais ça vaudra mieux que rien ! Parfois, il est plus difficile de se faire des amis que de combattre un ennemi.

L'Hérétique de la Force T1 - Les vestiges de l'Empire
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